Une situation
économique très difficile : quelques repères
Ce
n’est un secret pour personne, la situation économique espagnole est devenue particulièrement
difficile ces dernières années, comme en témoignent les chiffres suivants :
- On compte 577 000 nouveaux chômeurs en 2011 ;
- Le taux de chômage atteint les 25% en 2012, on prévoit 27% pour 2013 (pour environ 23 millions d’actifs sur une population de 47 millions) ;
- Il s’élève à 35% chez les populations étrangères résidant en Espagne. Signalons d’ailleurs que 500 000 travailleurs, notamment originaires d’Amérique du Sud, ont décidé de repartir tenter leur chance dans leur pays d’origine cette année.
A noter
qu’à peu près tous les secteurs d’activité
sont touchés par la crise, public comme privé. Les secteurs les plus touchés
sont la construction, l’industrie manufacturière, l’administration publique, le
transport et le stockage et les activités liées aux arts et aux loisirs. Par
exemple, la construction a perdu près de 300 000 emplois en 2011 tandis
que les fonctionnaires ont subi deux baisses consécutives de leur salaire de 5%
et la suppression de leur 14ème mois de salaire depuis le début de
la crise. Les secteurs ayant au contraire créé de l’emploi en 2011 sont les
activités sanitaires et sociales, la gestion et le traitement de l’eau et des
déchets et, assez étonnamment, les activités immobilières.
De
plus, le gouvernement actuel mène une politique
libérale qui flexibilise le travail. Ce qui est sûr, c’est que le droit du travail
ne protège pas les salariés comme c’est le cas en France, conduisant à une
situation de précarité globale, notamment chez les jeunes.
Les conséquences sur le marché de l’emploi
sont nombreuses et sont à intégrer dans la démarche de recherche d’emploi :
- La concurrence est rude ! D’où le besoin de se démarquer, de faire la différence, de démontrer son sérieux et son professionnalisme dès les premiers contacts avec de potentiels recruteurs.
- Actuellement en Espagne, très peu de contrats type CDI sont signés. Le plus courant est que l’entreprise propose un contrat type CDD, appelé contrato de obra o servicio determinado. En théorie réservé à des activités non pérennes dont la durée est incertaine, ces contrats deviennent monnaie courante, y compris pour des emplois « fixes », certaines entreprises gravant dans leur stratégie de n’employer leur personnel que sous cette forme.
- Pour les plus jeunes, les contrats de type stages (prácticas pour un stage en cours d’études, beca pour un stage de fin d’études) se multiplient. Aucune loi ne les encadre strictement, ce qui permet à des entreprises d’employer des jeunes pour 400€ par mois, voire d’abuser tout à fait en employant les jeunes qui travaillent bénévolement…
- Le niveau de salaire est également en général plus bas que celui que l’on peut trouver en France, si l'on écarte les postes à très fortes responsabilités. A moins de travailler dans des multinationales en forte croissance, mieux vaut être prêt à accepter une baisse de salaire. Pour se faire une idée de la réalité des prix, mieux vaut consulter les offres d’emploi, qui parfois mentionnent une fourchette. Par exemple, un consultant junior en organisation sans expérience issu d'une grande école peut s’attendre à gagner 35 à 40 K€ en France, mais rarement plus de 25 K€ en Espagne. Plus le niveau d’expérience est élevé, plus les différences s’atténuent, heureusement.
- Enfin, il faut tout de même signaler des pratiques à la limite de l’inégalité de la part de certains employeurs. On a par exemple vu une entreprise employer un business developer en lui affirmant qu’il se paierait quand le business qu’il est en charge de développer rapportera effectivement de l’argent. Pour rester à l’abri de ces pratiques, mieux vaut se focaliser sur les entreprises de taille moyenne ou grande.
Les pré-requis à une
recherche d’emploi réussie en Espagne
Il est indispensable de maîtriser
la langue espagnole pour trouver un emploi en Espagne. Mis à part des cas
de mobilité interne dans de grands groupes internationaux, nous ne connaissons
pas de cas de recrutements de personnes non hispanophones. La maîtrise du catalan ne semble en revanche pas
être indispensable pour trouver un emploi à Barcelone.
Le second pré-requis est de résider en Espagne. Votre recherche d’emploi sera largement
facilitée si vous disposez d’un numéro de téléphone espagnol et si vous êtes disponible
pour rencontrer les personnes. Il peut arriver que les premiers entretiens
aient lieu par téléphone / skype, mais très rapidement il vous sera nécessaire
de vous déplacer.
Disposer d’un accès
internet est également un pré-requis de base. Plus question d’envoyer des
CV par courrier, tout se passe en ligne, comme en France. D'autant plus que la graphologie est très peu utilisée en Espagne. Le mail vous permet d’être
très réactif lorsque les entreprises vous sollicitent et ainsi de démontrer votre
motivation.
Enfin, être disponible
immédiatement est sans conteste un gros plus. Comme souvent, les entreprises
s’y prennent souvent au dernier moment pour recruter...
Où s’installer ?
ou le dilemme Barcelone-Madrid
Les considérations à prendre en compte pour faire son choix
entre les deux capitales économiques du pays sont de deux ordres.
Considérations « qualité
de vie » : Barcelone est préférée par de nombreux Français, pour
ses plages et pour son climat méditerranéen, plus doux que celui de Madrid,
plus haute capitale d’Europe au climat continental (soit très chaud en été,
très froid en hiver). Les loyers sont relativement élevés dans les deux villes,
où l’on goute dans les deux cas à une qualité de vie sans comparaison avec
celle qu’offre Paris.
Considérations « vie
économique » : Madrid est la capitale économique du pays, siège
de nombreuses grandes entreprises espagnoles, où est proposé le plus grand
nombre d’offre d’emplois (41% des offres publiées sur Infojobs en 2011 sont à pourvoir dans la Communauté de Madrid, contre 21% en Catalogne). Barcelone est plutôt à classer comme la cité de
prédilection des Français en Espagne, pour travailler ou créer un business. Ce
qui présente l’avantage de permettre d’intégrer des sociétés françaises qui se
développent sur le territoire espagnol, mais le désavantage de compter une
concurrence plus forte sur le marché du travail. Il y a en effet plus de francophones à Barcelone. A noter également que le salaire moyen est
légèrement plus élevé dans la Communauté de Madrid (25 860 €) qu’en Catalogne (23
850 €). Enfin, regardez où sont situées en majorité les entreprises qui vous
intéressent.
Sources : Etude « Mercado de Trabajo en España – abril 2012 »
du Ministerio de Empleo y
Seguridad Social, Rapport
« InfoJobs Esade 2011: Estado del mercado laboral »
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Actualisation des chiffres à N+1 :
Malheureusement, les analyses statistiques démontrent que la situation s'est encore dégradée depuis que ce mini-site a été rédigé il y a 1 an. Quelques données éloquentes :
- 850 000 personnes ont perdu leur emploi en 2012 en Espagne
- le taux de chômage est supérieur à 26% en 2012 et les prévisions les plus pessimistes prévoient une augmentation à 28% en 2013 ;
- la situation est particulièrement préoccupante pour les jeunes espagnols, avec un taux de chômage qui atteint 55% en décembre 2012. Les ninis, ces jeunes de moins de 25 ans qui ni n'étudient ni ne travaillent, représentent 24% de leur tranche d'âge (moyenne européenne à 15%).
Sources : Rapport Infojobs Esade 2012 "Estado del mercado laboral en Espana", mai 2013
Bravo Clothilde ! Voilà une photographie très juste de la situation du marché du travail en Espagne. Il faut aussi savoir que pour juguler ce chomage chronique le gouvernement espagnole a mis en place une serie de mesures afin de stimuler la création d'entreprise.
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